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jouer qu’à la fin du concert le prélude redemandé par un groupe d’enthousiastes.

Le 24 janvier 1869, au Conservatoire, première audition de la Marche religieuse de Lohengrin.

M. Pasdeloup se risqua le 12 décembre 1869 à faire exécuter l’ouverture des Maîtres-Chanteurs. Le public, désorienté par les enchevêtrements polyphoniques de la fugue et par le bousillage d’une exécution médiocre, témoigna son mécontentement par des huées. Les wagnériens se cabrèrent, le brouhaha dégénéra en bousculades et horions. Les mêmes scènes de désordre se répétèrent le dimanche suivant, dès le début du morceau.

L’année d’après, à la première audition de l’ouverture de Faust (6 mars 1870), l’opposition ne répondit aux applaudissements que par quelques coups de sifflet.

De son côté, George Hainl, alors chef d’orchestre de la Société des Concerts, tout dévoué aux compositeurs modernes, avait réussi à faire accepter par les habitués du Conservatoire trois morceaux de Tannhœuser et de Lohengrin. Grâce à ses efforts et à la persévérance de M. Pasdeloup, qui, devenu directeur du Théâtre Lyrique, avait commencé par monter Rienzi, tout porte à croire que le triomphe de Wagner en France aurait été bien plus précoce sans la survenue de la guerre de 1870 et la scission profonde qu’elle produisit entre les deux nations devenues ennemies.