Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est chez lui presque du désespoir ; la moindre irritation a l’apparence de la fureur. Cette merveilleuse organisation, d’une si exquise sensibilité, a des violences terribles, on se demande même comment il peut y résister ; un jour de chagrin le vieillit de dix ans, mais, la joie revenue, il est plus jeune que jamais le jour d’après, lise dépense avec une prodigalité extraordinaire. Toujours sincère, se donnant tout entier à toutes choses, d’un esprit très mobile pourtant, ses opinions, ses idées, très absolues au premier moment, n’ont rien d’irrévocable ; personne mieux que lui ne sait reconnaître une erreur, mais il faut laisser passer le premier feu. »

On peut rapprocher de ces souvenirs ceux de M. Catulle Mendès[1] sur ses rapports avec Wagner à Triebchen. Il voyageait alors en Suisse et en Allemagne avec Mme J. Mendès et M. Villiers de l’Isle-Adam[2].

« Il était petit, maigre, étroitement enveloppé d’une longue redingote de drap marron, et tout ce corps grêle, quoique très robuste peut-être, — L’air d’un paquet de ressorts, — avait, dans l’agacement de l’attente, le tremblement presque convulsif d’une femme qui a ses nerfs ; mais le visage gardait une magnifique expression de hauteur et de sérénité. Tandis que la bouche aux lèvres très minces, pâles,

  1. Richard Wagner, par Catulle Mendès, 1 vol. in-18o, Charpentier. Paris, 1886.
  2. Fanatique admirateur de Wagner, M. Villiers de l’Isle-Adam lui a dédié un de ses Contes cruels, le Secret de l’ancienne musique.