Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/201

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Schiller. Le poète allemand sévit réduit à copier le répertoire de Scribe, à exploiter l’actualité. « Il souhaite du patriotisme au théâtre pour qu’on écarte par des droits protecteurs les pièces françaises à effet, toujours incomparablement mieux faites que ses propres imitations. » Même obligation pour le musicien allemand d’imiter l’opéra parisien. Donc, la réforme du théâtre ne peut être opérée que si les princes de l’Allemagne deviennent aussi allemands que le furent ses grands maîtres. »

En résumé, cette brochure est un hymne à l’esprit allemand opposé à l’esprit français, créateur de l’art allemand et seul capable de le délivrer des influences étrangères. Seulement, les critiques très justes que Wagner adresse au goût français perdent toute valeur par le voisinage des grossièretés dont s’émaille le texte. Si curieux qu’il puisse être de rapporter ici les passages injurieux pour la France, je m’en dispenserai, les citations ayant été données par M. Ed. Hippeau dans sa traduction de l’autobiographie de Wagner, intitulée : l’Œuvre et la mission de ma vie.

Quant aux jugements si sévères portés sur le Guillaume Tell de Rossini et le Faust de M. Gounod, jugements sommaires qu’on a tant reprochés à Wagner, ils s’expliquent aisément, à mon avis, par l’indignation que devait éprouver un esprit aussi profondément allemand devant ce massacre des poèmes originaux par les librettistes parisiens. Ces mutilations ont été déplorées par bien des artistes