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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

quante ans, qui sont aujourd’hui réputés pour des maîtres, ont eu à souffrir de ce mauvais renom. Ils ont triomphé des préventions, des défiances semées contre eux par la critique réactionnaire, à cause de leur talent d’abord, mais surtout grâce à l’évolution du goût du public profondément modifié par l’éducation musicale reçue pendant plusieurs années dans les concerts symphoniques.

Dans un volume de critique intitulé : Airs variés[1], M. Ad. Jullien raconte l’histoire des concours ouverts en 1867 à l’Opéra, à l’Opéra-Comique et au Théâtre-Lyrique.

Deux musiciens causaient des partitions présentées au concours d’opéra[2] ; l’un d’eux, membre de l’Institut, renseignait l’autre sur la dernière séance du jury dont il faisait partie. — Et M… ? demandait son interlocuteur. — « Oh ! répondit le juré, il est enfoncé… Il y a chez lui un tel abus de formules wagnériennes qu’il n’en résulte qu’ennui et fatigue. »

Bien que M. Jullien n’ait désigné que par une initiale le compositeur qui fut enfoncé par M. Eug. Diaz, il n’est pas malaisé de nommer M. Massenet. Tout le monde, en ce temps-là, fut très surpris de lui voir préférer un concurrent aussi peu sérieux. Quant au membre de l’Institut, coupable de cette indiscrétion sur les séances du jury, c’était, — on

  1. 1 vol. in-18, Charpentier, Paris, 1877.
  2. Le rapport adressé au ministre en vue de lui faire connaître le résultat des délibérations du jury pour le choix du poème de la Coupe du roi de Thule, fut rédigé par M. Sarcey.