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Le Vendredi-Saint, 14 avril, au Cirque d’hiver, première et unique audition, je crois, de la Cène des apôtres. Ce morceau, composé par Wagner à Dresde en 1843. était jugé par M. Ad. Jullien comme « une œuvre de jeunesse sur laquelle il n’y a pas à insister. » M. Comettant, toujours indulgent, se prononçait en ces termes : « Le chœur final de l’agape des apôtres du prophète Wagner est un morceau d’une sonorité assourdissante d’où se détache (ô dieu de la mélodie infinie, voilez-vous la face !) un motif très rythmé, très carré et modulant franchement à la dominante comme en ont écrit ces piètres musiciens qui ont nom Mozart, Haydn, Beethoven, Rossini, Gounod, Thomas, etc…, musiciens à courte vue et à mélodie finie desquels R. Wagner a fait bonne justice. »

À cette époque, les idées de R. Wagner commencèrent à être examinées plus sérieusement. Bien qu’encore très superficiels, les travaux des écrivains spéciaux sont déjà conçus dans un esprit moins prévenu. Ainsi, M. Eug. de Bricqueville, dans un article intitulé Christophe Gluck et Richard Wagner[1], extrait du Correspondant, et publié en 1881, comparait aux insultes prodiguées au novateur musical du siècle dernier l’opposition passionnée des détracteurs de Wagner. Résumant les griefs reprochés au maître allemand, ses bizarreries, ses rancunes, son immoralité et sa haine de la France, il

  1. Une brochure in-8o, Gervais, Paris, 1881.