Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/325

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ployer le jargon boulevardier du chroniqueur, lui donner le coup de lapin.

Plus tard, Mme Adam adressa au Figaro (13 janvier 1886) une lettre mélodramatique où elle accuse Wagner d’avoir écrit, en 1870, qu’il fallait brûler Paris, — monstrueuse parole que Wagner n’a jamais prononcée — et où il est question, à propos de sa musique, « de la marche des soldats du vainqueur, du chant de ses triomphes, des sanglots de la défaite. » Quel raisonnement opposer au sentimentalisme affolé d’une femme qui évoque en phrases passionnées le souvenir des mères en deuil, « du Rhin allemand », au sujet d’une partition composée vingt ans avant la guerre de 1870[1] ?

Mais voilà que les meneurs déclarés de la cabale, le peintre Boulanger et ses élèves, M. Diaz compositeur oublié, M. Paul Déroulède, président de la Ligue des patriotes, se défendent successivement d’avoir songé à provoquer des manifestations… Alors, les craintes de M. Albert Wolff étaient donc chimériques !

Mis en demeure, avec MM. Gounod, Massenet, Joncières, par un journal musical de province, Angers-Revue, d’intervenir en faveur de la représen-

    M. Ch. Grandmougin d’ignorer la partition de Lohengrin, alors que ce poète a publié, dès 1873, une Esquisse sur R. Wagner, éperdument admirative.

  1. Mme Adam passe pour être l’auteur d’un libelle, intitulé : La Question Wagner, par un Français, brochure de 11 pages, chez Hevmann, 13, rue du Croissant. Cet écrit de propagande patriotique se vendait 10 centimes. Il fut mis en vente le 22 janvier 1886.