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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

le genre Français l’idéal qu’il s’était formé du drame lyrique. Mais ses ressources s’épuisaient et les protestations de ses nouveaux amis parisiens restaient stériles. Il comprend toute la duperie de cette bienveillance de commande et le leurre décevant de ses ambitions dramatiques.

Cependant ; il était fort pauvre, il fallait trouver de quoi vivre, lui et sa femme. À défaut d’opéras, Wagner qui se rappelait l’engouement des Français ; pour les lieder de Schubert, songea à composer de la musique vocale. Il écrivit d’abord un chant sur la poésie de H. Heine, die beide Grenadieren « et arrangea l’accompagnement de manière que la Marseillaise en formât la base[1]. » Ses lieder trouvaient à peine des éditeurs et la forme insolite de ces romances rebutait les artistes. Cependant, Schlesinger publia le lied des Deux Grenadiers, traduit en français par Heine lui-même. Trois autres mélodies composées à cette époque : — Dors, mon enfant ! l’Attente (paroles de V. Hugo) et Mignonne (poésie de Ronsard), ne furent publiées qu’en 1869 par la maison Flaxland.

L’éditeur Schlesinger s’entremit pour obtenir à son jeune compatriote une audition de la Société des Concerts. Wagner présenta à la Société l’ouverture de Faust qu’il venait d’ébaucher et qui devait prendre place dans une symphonie composée d’après le drame de Gœthe. La Gazette musicale du 22 mars 1840 annonce qu’on vient de répéter au

  1. Ch. de Lorbac.