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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

C’était une ouverture à grand orchestre intitulée Christophe Colomb. La Gazette musicale, dans le compte rendu de son concert, signé H. Blanchard (7 février), en donne l’analyse. « Ce morceau, qui a plutôt le caractère et la forme d’une introduction, mérite-t-il bien la dénomination d’ouverture que l’auteur a fort bien définie dernièrement dans la Gazette musicale ? A-t-il voulu peindre l’infini de la pleine mer, cet horizon qui semblait sans but aux compagnons du célèbre et audacieux navigateur, par le trémolo aigu des violons ? C’est ce qu’il est permis de supposer ; mais le thème de l’allegro n’est ni assez développé, ni assez travaillé ; et puis, les entrées d’instruments de cuivre reviennent trop uniformément et avec trop d’obstination ; d’ailleurs leur discordance qui choquait les oreilles exercées et délicates… n’a pas permis d’apprécier à sa juste valeur le travail de M. Wagner, qui, malgré ce contretemps, nous a paru l’œuvre d’un artiste ayant des idées larges, assises et connaissant bien les ressources de l’instrumentation moderne. »


Pour vivre, dès lors, Wagner fut obligé d’accepter de rebutants travaux d’éditeurs, d’arranger la musique des opéras nouveaux pour flûte et violon, pour cornet à pistons, de réduire pour le piano la partition de la Favorite[1], celle du Guitarrero.

  1. La partition piano et chant de la Favorite, réduite par R. Wagner, parut en avril 1840, chez Schlesinger.