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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

compositeurs, combien d’amours-propres ont souffert obscurément de ces besognes misérables ! — Georges Bizet, pourtant l’un des plus heureux au théâtre, pendant la composition de la Jolie fille de Perth[1], n’était-il pas obligé d’orchestrer de la musique de danse ?

D’autre part, grâce à la protection de Schlesinger, Wagner était devenu en 1840 l’un des collaborateurs de la Revue et gazette musicale. J’ai retrouvé dans les recueils des années 1840-1842 les diverses fantaisies ou études critiques publiées sous son nom et traduites en français pour ce journal. Ce sont des articles intitulés : — De la musique allemande (12 et 26 juillet 1840) ; — Du métier de virtuose et de l’indépendance des compositeurs (18 octobre 1840) ; — Une visite à Beethoven (nos des 19[2], 22, 29 no-

  1. On trouvera dans la plaquette de M. Galabert : — Georges Bizet, souvenirs et correspondance, 1877, Calmann Lévy, éditeur, un écho de cette exaspération de l’artiste ravalé à des travaux de manœuvre. — « Croyez bien que c’est enrageant d’interrompre pendant deux jours mon travail chéri pour écrire des solos de piston ! Il faut vivre !… Je me suis vengé. J’ai fait cet orchestre plus canaille que nature. Le piston y pousse des hurlements de bastringue borgne. L’ophicléide et la grosse caisse marquent agréablement le premier temps avec le trombone-basse et les violoncelles et contrebasses, tandis que les deuxième et troisième temps sont assommés par les cors, les altos, les deuxièmes violons, les deux premiers trombones et le tambour !… Oh ! le tambour ! Si vous voyiez la partie d’alto ! Il y a des malheureux qui passent leur existence à exécuter ces machines-là ! Horrible ! Ils peuvent penser à autre chose, si toutefois ils peuvent encore penser ! »
  2. Le 19 novembre était un jeudi. À cette époque, la Gazette musicale paraissait deux fois par semaine. Le conte intitulé : — Une visite à Beethoven a été joint par M. Champfleury à sa plaquette sur Wagner, dans un volume dont voici le titre : —