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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

Cimarosa ». À propos du second concert, son opinion est qu’il préfère entendre Orphée au Théâtre-Lyrique.

La Gazette musicale du 29 janvier parle brièvement du premier concert de Wagner, en constate le succès et s’abstient de formuler une appréciation ; l’étude de Fétis, publiée par elle en 1852, ayant à ses yeux force de chose jugée, la valeur et l’infaillibilité d’un dogme. Dans le Ménestrel, M. Paul Bernard s’occupe longuement de la musique de Wagner. Voici ses principales critiques : — « Il abuse de la chanterelle et des sons aigus. Dans certains moments, sa musique est acide et porte sur les nerfs… Pour lui, l’orchestre est un jeu ; il le manie avec toute l’autorité de la science et de l’expérience, avec une grande fougue et surtout avec le fanatisme d’un apôtre. Cependant, il trouve rarement des effets de timbres nouveaux… Ce qui fatigue aussi dans les œuvres de M. Wagner, c’est l’usage immodéré du chromatique et des modulations ascendantes : c’est l’absence presque complète de mélodie… Mais il faut le dire et le répéter parce que cela est, M. Wagner est un grand musicien ; seulement, sa tendance est déplorable. Cinquante ans dans cette voie, et la musique serait morte, car on aurait tué la mélodie, et la mélodie, c’est l’âme même de la musique. »

Au Constitutionnel (30 janvier) Fiorentino écrivait ceci : « L’ouverture du Vaisseau-Fantôme est une série d’accords stridents, de sifflements aigus, de grincements de cuivres enragés, sans aucune trêve,