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Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/106

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pal champ de bataille, c’est-à-dire de la chair avec l’esprit, de l’enfer avec le ciel, de Satan avec Dieu… Tannhæuser, saturé de délices énervantes, aspire à la douleur. Cri sublime que tous les critiques jurés admireraient dans Corneille, mais qu’aucun ne voudra voir dans Wagner.


Son appréciation sur la musique n’est pas d’un homme du métier, mais elle est d’un artiste. Le récit du pèlerinage à Rome l’a particulièrement ému.


La tristesse, l’accablement du pécheur pendant son rude voyage, son allégresse en voyant le suprême pontife qui délie les péchés, son désespoir quand celui-ci lui montre le caractère irréparable de son crime et, enfin, le sentiment presque ineffable, tant il est terrible, de la damnation, tout est dit, exprimé, traduit par la parole et la musique d’une manière si positive qu’il est presque impossible de concevoir une autre manière de le dire… Ce qui me paraît donc avant tout marquer d’une manière inoubliable la musique de ce maître, c’est l’intensité nerveuse, la violence dans la passion et dans la volonté. Cette musique-là exprime avec la voix la plus suave ou la plus stridente tout ce qu’il y a de plus caché dans le cœur de l’homme.


Il termine son épilogue en protestant au nom des littérateurs, des artistes, des gens bien élevés, contre ces scandales qui