Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/12

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geur. Roche intervient ; l’étranger se nomme : Wagner ! Roche s’incline, se met à sa disposition, le guide dans les bureaux, aplanit toutes les difficultés, et quand Wagner le remercie de la peine qu’il lui donne : « Je suis trop heureux, lui dit Roche, d’avoir obligé un grand artiste. » — « Vous me connaissez ? » s’écrie Wagner, surpris de voir son nom si bien connu à la douane française. — Roche sourit et, pour toute réponse, fredonne quelques morceaux de Tannhæuser et de Lohengrin. — « Ah ! dit Wagner ravi, c’est un signe d’heureux présage… le premier Parisien que je rencontre connaît et apprécie ma musique. Je vais de ce pas l’écrire à Liszt… Mais nous nous reverrons, Monsieur. » Et, ce disant, il tire de sa malle cinq ou six morceaux de musique et les présente à Roche avec cette dédicace : « À M. Edmond Roche, à la douane[1]. »

  1. Edmond Roche, né à Calais, le 20 février 1828, mort à Paris, le 24 décembre 1861, poète et musicien, vivait fort modestement de ses appointements d’employé des douanes. À l’âge de quatorze ans, il était entré au Conservatoire dans la classe de violon d’Habeneck. Après son temps d’école, il chercha une place d’exécutant dans les théâtres de Paris et finit par accepter l’emploi de premier violon à l’orchestre de la Porte Saint-Martin. Il le conserva pendant son surnumérariat.