Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 12 —

eût mieux fait, pour cette lecture, d’avoir recours à un accompagnateur quelconque. Mauvais pianiste, « Wagner se débattait[1] avec le formidable finale du deuxième acte ; il chantait, il criait, il se démenait, il jouait des mains, des poignets, des cordes, il écrasait les pédales, il broyait les touches. Au milieu de ce chaos, M. Carvalho restait impassible comme l’homme d’Horace, attendant avec une patience digne de l’antique que le sabbat fût fini. La partition achevée, M. Carvalho balbutia quelques paroles de politesse, tourna les talons et disparut. » Ce qui n’empêche pas Wagner d’affirmer dans sa Lettre à ses amis d’Allemagne qu’il aurait préféré voir Tannhæuser

    opéra (sans aucune mutilation ou modification), que lorsqu’il aurait en mains une traduction convenable.

    Bientôt, un M. de Charnal, jeune littérateur sans renom, s’adressait à lui pour obtenir la permission de publier une bonne traduction poétique de Tannhæuser dans une des premières revues de Paris. Wagner avait adhéré en principe à cette proposition sous la condition que le traducteur n’aurait pas le droit de réimprimer son travail.

    La direction de l’Opéra ne bouge pas encore, ajoutait Wagner. Par contre, M. Carvalho (Théâtre-Lyrique) le pourchasse, mais… pour obtenir Rienzi.

  1. La Nouvelle Allemagne musicale : Richard Wagner, par A. de Gasperini. 1 vol. in-8o avec portrait et autographe. Heugel, 1866.