Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/40

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plexe ; l’air pur et fortifiant qu’on respire, la variété et la beauté des effets de lumière, le calme délicieux, les bruissements des arbres, les chants des oiseaux et toutes les sonorités plus ou moins voilées qu’on entend forment un effet total qu’on ne peut ressentir que dans la forêt même. Supposons qu’un promeneur réussisse à s’emparer de l’un des chanteurs (mettons que c’est un coucou) et l’emporte chez lui ; croyez-vous que l’oiseau en cage lui rendrait la mélodie de la forêt, c’est-à-dire l’ensemble des voix qui l’a charmé ? Que pourrait-il entendre alors, sinon peut-être — quelle mélodie ?[1], c’est-à-dire non pas une mélodie, mais un fragment, un lambeau qui aurait perdu presque toute sa signification et tout l’effet qu’il produit (mettons que c’est la tierce du coucou), comme partie d’un riche et harmonieux ensemble.


Le traducteur[2], au lieu de rendre littéralement la phrase dont M. J. Weber donne l’explication, l’a remplacée par celle-

  1. Was Anderes würde er zu hören bekommen, als etwa welche Melodie ?.
  2. Le traducteur anonyme des Quatre poèmes d’Opéras et de la lettre à F. Villot, dont le travail, comme on le voit, ne brille point par la fidélité, suivant M. Weber, « est un littérateur de talent, qui ne sait pas la musique et qui se contente de ne pas la détester absolument. Il est connu de tout le monde par les hautes situations qu’il a occupées et occupe encore depuis l’établissement de la République ». Pour être moins discret que M. Weber, j’ajouterai que ce personnage est M. Challemel-Lacour. On a oublié de rappeler cette traduction parmi les titres académiques du président du Sénat.