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de chapelle de la maison de l’Empereur, fut représenté le 30 décembre 1861, sous ce titre : la Voix humaine[1].

On a vu plus haut que, pour la baccha-

  1. Personnages : Sire Godefroy, landgrave de Thuringe, Coulon ; — Isaure, sa fille, Mlle de Taisy ; — Conrad de Bruxall, baron du Saint-Empire, Roudil ; — Didier, organiste du château, Dulaurens ; — Hans, souffleur de l’orgue, Marié.

    Voici le sujet. L’Empereur a promis la noblesse à l’organiste qui dotera l’orgue d’un nouvel effet. Didier a inventé ce jeu qu’on appelle la Voix humaine. Grâce à sa découverte, il espère pouvoir épouser Isaure, qu’il aime et dont il est aimé. Mais celle-ci est promise à un baron cupide et débauché.

    Au second acte, on voyait l’orgue, coupé en praticable. Bruxall, ayant appris par une indiscrétion du souffleur ivrogne Hans le secret de la voix humaine, glissait son gantelet dans le tuyau, pour l’empêcher de résonner. Didier subissait donc un échec, mais Hans avait deviné la ruse, confondait le traître en extrayant du tuyau son gantelet à ses armes, la voix humaine se faisait entendre et le landgrave, ému, donnait sa fille à l’organiste.

    Dans la scène où Didier jouait de l’orgue, on entendait la partie d’orgue doublée, dans la coulisse, par la Voix humaine, ce qui ne parait pas en scène », disait une note de la partition. Le solo était chanté par Mlle Laure Durand dont l’organe « de l’espèce la plus rare », écrivait Paul Smith (Ed. Monnais) dans la Gazette musicale (5 janvier 1862), « un vrai ténor féminin, sonnait à l’octave basse des autres voix de femmes ».

    Jouée en lever de rideau avant les ballets, cette œuvre, saugrenue comme pièce et nulle comme musique, eut cependant treize représentations. Elle fut jugée sans doute préférable à Tannhæuser.