Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/87

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Sans accent et sans caractère[1]. Comparez la capucinade musicale du Tannhæuser au chant des pèlerins de la Jérusalem de Verdi ! Le septuor est une cacophonie à outrance.


Au deuxième acte, « la complainte d’Elisabeth meurt d’ennui et tombe de sommeil… La marche est un arc de triomphe bâti au milieu d’un désert », le finale « une rixe criarde ». Au troisième acte, « une insipide romance de Wolfram succède à une fastidieuse prière d’Elisabeth ». Le célèbre styliste termine par un développement de rhétorique sur cette idée : « Gardons-nous de cette invasion de fantômes, rallions-nous pour les repousser sous le drapeau classique du génie latin !… »

Je ne sais pourquoi M. Drumont, dans sa brochure déjà citée, range Saint-Valry parmi les défenseurs de Wagner. On jugera de la bienveillance de Saint-Valry par quelques extraits de son feuilleton du Pays (19 mars 1861). « …Ennui incommensurable,… métaphysique nébuleuse,… esthétique abstruse. » La romance du pâtre est « une cantilène enfantine », avec « un

  1. Étrange aveuglement du critique pour lequel le chœur des pèlerins est du plain-chant affadi, alors que le même morceau, reproduit dans l’ouverture, lui a paru très beau. La bévue a, du reste, été relevée par M. Paul Lindau.