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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

mon malheur, je suis la victime d’une erreur de Dieu ! » fit-il tout en racontant encore une fois son incroyable histoire.

Bien qu’elle se demandât comment il a pu savoir certains détails intimes de sa famille, la veuve Kim Jinsa le mit à la porte tandis que la femme Pak Tchambon le ramenait chez elle. Déçu et brisé il se résigna à un inconsolable tristesse. Cependant il ne cessait pas de penser à son adorable femme et à ses enfants chéris. Aussi cherchait-il toujours le moyen de les revoir. Un jour, il se décida — ce fut son ultime espoir — de présenter au Roi une requête sur son cas. Il rédigea donc minutieusement en des termes pathétiques tous les détails de sa fantastique histoire.

À la réception de cette peu ordinaire supplique, le Roi crut d’abord qu’on se moquait de lui. Pourtant l’accent sincère et émouvant de cette requête secouait fortement sa curiosité. Il convoqua aussitôt l’homme et l’interrogea avec une attention toute particulière. L’homme lui fournit tous les détails demandés et même des détails intimes et bien d’autres preuves indiscutables de la vérité. Après la vérification faite, on se voyait — si incroyable que fût son récit fantastique — dans l’obligation de le reconnaître comme Kim Jinsa. Les preuves étaient telles que, ni la dame Pak Tchambon, ni même la veuve Kim Jinsa ne pouvaient plus douter de la véracité de cette lamentable histoire. Cependant des doutes douloureux et d’hésitations palpitantes débordaient sur les visages de ces deux malheureuses femmes.