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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

pour vivre misérablement avec un bûcheron aussi pauvre que simple ».

Il croyait déjà avoir gagné la partie quand, à sa grande stupéfaction, la jeune femme indignée se dressa devant lui, rouge de colère.

— « Sortez d’ici, grossier personnage ! Si c’est là toute l’éducation que vous avez reçue, votre espèce seigneuriale ne vaut même pas le pied de mon mari. Hors d’ici, monstre ingrat ! » gronda-t-elle tout en lui montrant du doigt la porte de sortie.

Le jeune chasseur effronté pris d’une violente colère et de honte voyait son projet manqué. Il s’enfuit aussitôt tant il craignait justement les sévères leçons de Maship qui ne tarderait pas à rentrer. Mais il se jura d’enlever cette femme tôt ou tard.

Un jour, à peine un mois après sa fuite, le jeune chasseur ingrat revint dans le village de Maship avec une véritable armée de domestiques. Il fit enlever de force la femme de son sauveur dans une chaise à porteurs. Indigné, le pauvre bûcheron voulait se défendre, mais la force était trop inégale, il ne reçut pour tous ses frais que de terribles coups de bâton.

— « Ô jeune seigneur chasseur, s’écria-t-il tout en se jetant aux pieds de son ravisseur, rappelez-vous bien que c’est moi qui vous ai sauvé la vie. Comment pouvez-vous m’insulter ainsi. Sans moi, vous ne seriez peut-être plus depuis longtemps sur la terre ! Seigneur, ayez pitié ! » gémit-il tout en le suppliant de lui laisser sa femme.

— « Si je ne suis pas mort c’est que le Grand