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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

tendre. Elle comprit aussitôt qu’on venait la chercher. Elle courut alors au devant de la voiture afin que son père ne fût troublé. Toutefois avant de quitter pour jamais ce cher foyer paternel, elle déposa dans un coin, facile à découvrir, la somme considérable qui lui restait encore.

Ainsi donc, on conduisit la malheureuse jeune fille jusqu’à l’autel sacrificatoire sur lequel elle fut déposée, les membres liés. Après une simple cérémonie, tout le monde quitta l’entrepôt et le portail fut fermé.

— « Maintenant c’est la mort ! » pensa la jeune fille terrifiée, tout en regardant autour d’elle avec une résignation stoïque.

Mais quel ne fut pas de son étonnement en constatant que son crapaud était assis attentivement dans un coin de ce lugubre entrepôt ! Elle se rappela pourtant l’avoir vu marcher derrière elle, quand elle sortit précipitamment de la cuisine.

L’animal fixa ses regards sur le plafond, ses yeux devinrent alors tout flamboyants, et une fumée jaunâtre sortit de sa gueule et monta tout droit dans l’air.

Or du plafond, une étrange brume bleuâtre se dégagea lentement. Au contact de ces deux couleurs, une scène fantastique se déroula. La couleur bleue semblait empêcher la couleur jaune de monter, tout en cherchant elle-même à descendre, et réciproquement, la jaune parut empêcher la bleue de descendre tout en cherchant à atteindre le plafond. Enfin, la bleue se replia, tandis que la jaune poursuivit majes-