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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

dernier. Mais il y céda à la fin, vu l’ingéniosité de l’idée de son fils.

Au bout de trois jours, l’enfant se présenta en effet seul devant le seigneur qui lui cria d’une voix de tonnerre :

— « Qu’est-il devenu ton père ? Je ne veux pas t’entendre ! »

— « Mais, seigneur, mon père se trouve dans l’impossibilité de sortir. Un serpent l’a mordu hier alors qu’il cueillait des fraises dans les champs ! »

— « Qu’est-ce que tu me chantes là ! comment ? en plein hiver où nous sommes, peut-on trouver des fraises et des serpents dans les champs ? »

— « Ah, ha ! seigneur, vous qui savez si bien raisonner, comment pouvez-vous exiger une chose impossible telle que celle de fournir cent mètres de câble entièrement fait de coquillages de mollusques ? »

Le seigneur, bien que cynique et absurde, piqué au vif par le raisonnement d’un enfant, hurla à l’adresse de celui-ci :

— « Oh, ho tu es un raisonneur ! Eh bien, tu viendras demain raisonner devant moi. Écoute bien ! je serai demain assis comme celà, à cette place. Et tu me feras sortir hors de cette chambre dans l’espace de trois minutes, sans me toucher, sinon je te prendrai ta mère ».

Toute la grandeur de l’absurdité du seigneur n’étonna guère l’enfant, car il s’y attendait avec résignation. Cependant comment peut-on être sans inquiétude, lorsqu’il en va de la vie de toute une famille ? Aussi l’enfant revint à la maison tout pensif et grave. Kim Sébang impatient