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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

évité un acte en tous points en contradiction avec les traditions de son pays.

Il ne me reste, pensa-t-il, qu’à rassurer l’heureux jeune homme, puis à quitter le plus tôt possible cette maison ! »

Il était à cet endroit de ses pensées, quand, tout à coup, Yang-Tchun-Bal entra chez lui. Le visage pâle, les yeux humides et hagards il se tint coi, semblait attendre la sentence de An Singdo. Mais celui-ci d’un air souriant lui prit amicalement la main, et lui dit :

— « Mon cher, que voulez-vous ! Tout s’accomplit selon la volonté de Dieu. D’ailleurs vous n’êtes pas à plaindre Soyez digne de votre heureux sort. Quant à moi, je me contente du mien. N’ayant plus rien à faire dans cette maison, je vais m’en aller. Adieu, mon ami ! »

— « Ah ! ciel ! que tout cela est étrange, balbutia le jeune homme. La nouvelle mariée est obstinée, elle ne veut rien entendre ! Elle est résolue à mourir si je ne deviens pas son mari. Elle attend ma réponse. Vous êtes trop indulgent ! Condamnez-moi, bâtonnez-moi ! Quoi ! vous ne manifestez pas la moindre irritation à mon égard ! »

— « Je laisse faire le destin. Le fait est accompli. Montrez-vous digne de votre race ! » répliqua An Singdo d’une voix ferme.

Le jeune homme saisit vivement le bras de son ami. Puis après un long silence pendant lequel il fixa ses regards indécis sur le visage doux et triste de An Singdo, il reprit d’un ton résolu, en baissant la tête :

— « Ne serait-ce que pour vous obéir j’accepte