Page:Sevestre - Cyranette, 1920.djvu/34

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elle, à la maison, en menus travaux d’intérieur, comme d’habitude, alors que Liette, qui s’est joyeusement échappée après déjeuner, ne rentre quel vers sept heures du soir, peu donc avant que l’on se mette à table.

Cependant, le lendemain, Nise essaie de revenir à la charge :

— Voyons, Liette, quel temps te faut-il pour lui mettre un mot, à Mr. Wellstone ?

Mal lui en prend. Liette a ses nerfs en effet. Une anicroche imprévue. Elle a cru découvrir, après livraison, un léger défaut à sa robe neuve. D’après elle, la jupe ne tombe pas tout à fait bien encore et elle voudrait la reporter chez la couturière. Mme Daliot est d’un avis contraire, et Denise, prise comme arbitre, s’est prononcée dans le même sens.

Agacée de l’insistance de son aînée, Liette la rembarre donc sans façon.

— Flûte, là !… Es-tu contente ?… Ma parole, on n’a pas idée !… Ne t’ai-je pas dit, mille et mille fois, que je n’ai pas un instant à moi ? Réponds-lui si tu veux, à ce brave Mr. Wellstone, mais de grâce, ne me demande pas l’impossible, rends-toi compte que je suis débordée… Dé-bor-dée !

— Ne te fâche pas, répond doucement Denise. Mais ce n’est pas à moi qu’il écrit, tu vois bien.

— Qu’est-ce que ça fait ? L’une ou l’autre, c’est blanc et noir, noir et blanc. Et dès lors que je te passe la main…

Tant de logique ne peut que désarçonner Denise qui n’a garde d’envenimer la discussion. D’autre part, il lui paraît peu charitable, pour ne pas dire cruel, de refuser à Mr. Wellstone les nouvelles qu’il sollicite si courtoisement. Comment trancher la difficulté ?

Après mûre réflexion et bien des hésitations, profitant d’un moment de solitude, Denise enfin se décide :