Page:Sevestre - Cyranette, 1920.djvu/45

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— Père ! Mère ! On se lève ?

— Voilà ! Quel temps fait-il ? interroge M. Daliot.

— Comme ci, comme ça.

— En ce cas, il n’y a plus qu’à y renoncer.

Mais Liette n’a pas dit son dernier mot.

— Et M. le curé ?

— C’est ce qui m’ennuie. Je vais courir lui donner contre-ordre.

— Dérangement pour dérangement, si on essayait de partir tout de même ? insinue Liette.

— Il ne pleut pas ? demande Mme Daliot.

— Non, mère, et ça paraît se remettre.

— Soit ! Essayons, on verra bien.

M. Daliot n’a plus qu’à s’incliner. Folle de joie, Liette bat des mains, gambade, valse, fait le diable à quatre et entreprend le siège de Nise, qui ne se rend pas d’ailleurs et sourit à la dérobée. Être un peu seule, ne pas avoir cette folle de Juliette sur le dos toute la journée, quel bonheur ! Elle a besoin de se recueillir, de se consulter, Denise, et non moins que sa sœur elle appréhendait une anicroche au dernier moment.

Le départ même des excursionnistes ne la rassure qu’à moitié. Anxieusement, elle scrute l’horizon. Quoi qu’en ait pu assurer Liette, il ne se dégage guère. Le soleil ne perce que pour repasser derrière de lourds nuages qui dérivent lentement du sud-ouest et qui menacent de crever. Denise allonge le bras par-dessus la rampe du balcon. Une goutte d’eau s’écrase dans le creux de sa main. Elle gémit :

— Ils sont capables de faire demi-tour !

Une sonnerie en ville la rassure : les sept coups de l’heure. Il y a longtemps que le train doit être parti. Allons, bon voyage !

Sa toilette faite, la jeune fille va entendre une messe basse à la cathédrale et revient s’installer devant la fenêtre, à sa table à écrire. Il n’y a pas à dire, pour elle, c’est une détente qui l’allège physiquement et moralement. Des bouffées de