III
Pendant que Liette maintient ses positions contre l’attaque à revers de l’abbé Divoire et réfléchit aux moyens de les rendre inexpugnables, qu’est-ce que Denise peut bien penser du fait nouveau dont parle tout Chambéry ?
En apprenant la résurrection de Robert et que son rétablissement n’est plus qu’affaire de patience et de soins, c’est peu de dire qu’elle a été heureuse. Tel le condamné qui obtient sa grâce, elle a passé instantanément d’une morne désespérance à une joie assez profonde, assez intense, assez divine pour la payer de toutes ses souffrances et de toutes ses larmes.
Le souhait ardent qu’elle avait formulé dans un affreux moment de détresse ; ce cri tragique de son instinct d’amante ; cette prière presque farouche que lui arrachait la douleur et qu’elle élevait éperdument vers le Très-Haut, le Très-Haut l’a entendue et exaucée.
Elle lui demandait d’épargner Mr. Wellstone. Il l’a épargné. En échange de son salut à lui, elle faisait l’offrande d’elle-même, et son holocauste à ce moment-là ne lui eût rien coûté. Aussi, depuis qu’elle sait l’officier sauf, sinon tout à fait sain encore, n’est-il plus question de la conduire à la Bauche. La cure s’est opérée toute seule, quasi miraculeusement, comme dans le cas de Robert.
Mais, par un de ces revirements ou l’une de ces défaillances dont nos pauvres cœurs sont coutumiers, ne va-t-elle pas, après cet immense afflux de joie, subir un reflux de désespoir devant la triste nécessité de consommer son sacrifice ? À travers