Page:Sewrin, Brazier Jean qui pleure et Jean qui rit - 1815.djvu/24

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LEPITEUX.

Vous riez ; mais cet argent ne m’appartient pas, je me garderai bien de le garder… Oh ! l’idée seule !… Je vais porter ce porte-feuille au greffier de la commune.

GUILLERET.

Oui, oui, déposez le chez le greffier de la commune.

LEPITEUX.

Ça ne sortira pas de ses mains.

GUILLERET.

C’est très-possible.

LEPITEUX.

Dites donc, mon voisin l’expérience rend sage, voulez-vous me permettre d’établir une sonnette de communication de là-là, ça fait que si par hasard, dans la nuit, ou dans le jour, on ne sait pas, vous entendiez din, don, din, don, vous sauriez que c’est moi qui appelle du secours.

GUILLERET.

Je le voudrais de tout mon cœur, voisin, mais c’est que je vais déménager. Tenez, regardez ce que mon fils met là sur ma porte.


Scène X.

Les mêmes, BEAU-SOLEIL, plaçant sur la porte l’écriteau : Domaine à vendre.
LEPITEUX, lisant.

Do… domaine à vendre ! comment ! vous vendez votre maison ?

GUILLERET.

Oui, je veux la quitter avant qu’elle ne me quitte.

BEAU-SOLEIL.

Achetez-la, monsieur Lepiteux, ça vous arrondira.

LEPITEUX.

Oui, je ne demanderais pas mieux que de m’arrondir, je l’achèterai volontiers ; mais de vous, mon voisin, ça me ferait trop de peine.

GUILLERET.

Et moi cela me ferai plaisir que vous l’eussiez plutôt qu’un autre.

LEPITEUX.

Oh ! sans doute, c’est à ma convenance, j’y suis tout porté. Reste à savoir le prix que vous voulez y mettre.

GUILLERET.

Tout le domaine m’a coûté trente mille francs.