Page:Sextus Aurelius Victor - Origine du peuple romain, trad Dubois, 1846.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

il avait pour ses proches une affection très vive ; enfin au goût de l’éloquence il unissait la piété la plus admirable. Sa clémence lui mérita le titre de Père de la patrie et la paissance tribunitienne à perpétuité ; puis, comme à un dieu, dans Rome, dans toutes les provinces et dans les principales villes de l’empire, avant et après sa mort, on lui consacra des temples et des collèges sacerdotaux. Son bonheur fut si grand (excepté toutefois du côté de ses enfants et de sa femme), que les Indiens, les Scythes, les Garamantes et les Bactriens lui envoyèrent des ambassadeurs pour implorer son alliance.

II. Claudius Tibère Néron.

Ensuite Claudius Tibère Néron, beau-fils d’Auguste, et son fils adoptif par adrogation, lorsqu’il se vit suffisamment rassuré contre les craintes des révoltes, prit l’empire, tout en refusant par ruse le nom d’empereur. Artificieux et impénétrable, simulant presque toujours de l’aversion pour ce qu’il désirait le plus, et une préférence insidieuse pour les objets de sa haine ; d’une vivacité d’esprit qu’inspirait toujours mieux le moment présent, il devint, après de bons commencements, le fléau de la république. Poussant jusqu’aux derniers raffinements l’excès de la débauche, presque sans distinction d’âge et de sexe, il punissait avec une atroce barbarie les innocents, fussent-ils Romains ou étrangers.

Par exécration pour les villes et par misanthropie, il avait choisi l’île de Caprée pour le repaire de ses turpitudes. Il paralysa les forces de l’art militaire : ce qui fit perdre à l’empire presque toutes ses conquêtes, dont il ne resta plus rien que la Cappadoce, réduite en province romaine, et cela au commencement du règne de Tibère, qui éloigna du trône le roi Archelaüs ; on réprima aussi les brigandages des Gétules, qui, sous les ordres de