Page:Sextus Aurelius Victor - Origine du peuple romain, trad Dubois, 1846.djvu/190

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il chassa du sénat plusieurs de ses membres ; il y laissa toutefois un jeune débauché, dont le père avait attesté la bonne conduite, et il ajouta judicieusement, à ce sujet qu’un père doit être aussi le censeur de ses enfants. Mais lorsque les caresses de Messaline, sa femme, et les propos adulateurs des affranchis qui le gouvernaient également, l’eurent entraîné au mal, il ne se contenta pas de commettre les crimes d’un tyran, il osa tous ceux qu’une femme de la dernière abjection et les plus vils esclaves pouvaient suggérer un fou qui était le maître. Son épouse se livra d’abord à tous les genres d’adultère, pêle-mêle, comme si elle eût usé d’un droit, immolant presque toujours, avec ses complices, ceux qui, par honneur ou par crainte, s’abstenaient de répondre à ses désirs ; or, à l’aide d’artifices familiers aux femmes de cette espèce, elle accusait d’avoir voulu la séduire ceux mêmes qu’elle avait tenté de corrompre. Enflammée ensuite d’une lubricité plus odieuse, elle prostituait avec elle, comme de viles courtisanes, les femmes mariées et les jeunes filles les plus nobles ; les hommes étaient forcés d’assister à ce hideux spectacle ; et si quelqu’un manifestait de l’horreur pour de telles turpitudes, on inventait une accusation, et l’on sévissait contre lui, contre toute sa famille. Comme Claude, ainsi que nous venons de le dire, était la pusillanimité même, c’était presque toujours de la crainte de quelque conspiration mise en avant que l’on épouvantait le trop timide empereur : la même fable servait de texte aux affranchis pour accabler tous ceux qu’ils voulaient perdre. D’abord complices des forfaits de leur protectrice, dès qu’ils eurent acquis une autorité égale à la sienne, ils la firent périr elle-même par leurs satellites, comme si leur maître, qui ignorait tout, leur en eût cependant donné l’ordre. Messaline avait poussé l’infamie à un excès tel que, pendant un voyage de Claude au port d’Ostie pour se distraire avec des courtisanes, elle con-