Page:Sextus Aurelius Victor - Origine du peuple romain, trad Dubois, 1846.djvu/210

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la suite avec un empressement plus vif encore. Domitien affecta d’abord la clémence, et déploya quelque énergie à l’intérieur ; il paraissait encore plus actif à la guerre. Vainqueur par lui-même des Daces et des Cattes, il avait donné au mois de septembre le nom de Germanicus, et le sien au mois d’octobre. Il acheva beaucoup de travaux commencés par son père et par les soins de son frère, et le Capitole entre autres. Mais ensuite, tyran farouche et sanguinaire, il se mit à ordonner le supplie des bons citoyens ; dans le ridicule apathie où l’avait plongé l’épuisement de la débauche, il écartait, il éloignait tout le monde, et poursuivait des volées de mouches : exercice honteux, qu’il appelait du mot grec klinop‹lh (1). De là contre lui une foule de sarcasmes, et cette réponse à un homme qui demandait s’il y avait quelqu’un au palais : « Pas même une mouche, si ce n’est peut-être dans l’endroit où l’empereur lutte avec elles. »

Comme la cruauté de Domitien redoublait chaque jour d’excès et de fureur, et qu’il devenait de plus en plus suspect à ceux même qui vivaient près de sa personne, ses affranchis conspirèrent contre ses jours, de complicité avec l’impératrice, qui lui préférait un histrion; il porta ainsi la peine de ses forfaits, à l’âge de quarante-cinq ans, après un règne d’environ quinze années. Le sénat décréta qu’il serait enseveli comme un gladiateur, et que son nom serait partout effacé. Mais sa mort émut vivement les soldats, dont la fortune privée ne prend des développements plus larges qu’aux dépens de la fortune publique : bientôt, selon leur habitude, ils éclatèrent en mouvements séditieux, et demandèrent hautement le supplice des meurtriers de l’empereur. Ce fut avec une peine infinie que des hommes sages parvinrent à les contenir et à les réconcilier avec les patriciens. Ils ne cessèrent point