Page:Sextus Aurelius Victor - Origine du peuple romain, trad Dubois, 1846.djvu/212

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cependant de songer entre eux à la guerre civile : tant ils étaient affligés d’un changement de gouvernement, qui leur faisait perdre les magnifiques largesses dont les rapines de Domitien les gratifiaient ! Jusqu’ici des Romains ou des Italiens ont gouverné l’empire ; des étrangers vont maintenant devenir empereurs ; et je ne sais si, comme Tarquin l’Ancien, ils ne furent pas beaucoup meilleurs que les premiers. Pour moi, d’après tout ce que j’ai pu lire ou apprendre, je suis intimement persuadé que la ville de Rome dut une grandeur vraiment nouvelle à la vertu et aux talents que des princes d’origine étrangère y ont naturalisés.

XII. Cocceius Nerva.

Qui fut, en effet, plus sage et plus modéré que Nerva de Narnium ? Il était déjà très vieux et habitait le pays des Séquaniens, où il s’était réfugié par crainte du tyran, lorsque les légions le choisirent pour empereur. Une fois convaincu que l’empire ne pouvait être bien gouverné que par des hommes d’une force physique et morale supérieure à la sienne, il abdiqua de lui-même au bout de seize mois, après avoir fait préalablement la dédicace du forum appelé Pervium, et dans lequel s’élève le temple de Minerve, monument dont le grandiose répond à la magnificence. S’il est toujours beau de consulter ses forces sans se laisser entraîner par la pente rapide de l’ambition, c’est surtout à celui qui possède le pouvoir suprême, objet des désirs empressés de tous les mortels, de l’avidité des vieillards, même sur le seuil de la tombe. Mais ce qui prouve de la manière la plus évidente la haute sagesse de Nerva, c’est le mérite du héros qu’il se donna pour successeur.

XIII. Ulpius Trajan.

En effet, ce fut Ulpius Trajan, d’Italica, ville d’Espagne, d’une famille sénatoriale et consulaire, que Nerva