Page:Sextus Aurelius Victor - Origine du peuple romain, trad Dubois, 1846.djvu/220

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partie des sénateurs, qui l’avaient tourné en ridicule. Bientôt il mourut à Baies d’une cruelle maladie, après un règne de vingt-deux ans moins un mois, et lorsque sa vieillesse était encore dans toute sa verdeur. Le sénat, insensible aux prières du nouveau prince, refusait de décerner à Adrien les honneurs de l’apothéose tant il était affligé de la perte d’un si grand nombre de ses membres ! Mais lorsqu’il vit reparaître tout à coup ceux dont il déplorait le trépas, chacun, après avoir embrassé ses amis, finit par accorder ce qu’il avait refusé d’abord.

XV. Antonin le Pieux.

Aurelius Antonin fut surnommé le Pieux. Exempt de la souillure des vices, presque sans tache, d’une très ancienne famille de la ville municipale de Lanuvium, dont il était sénateur, il avait un caractère si égal et des mœurs si pures, qu’il enseigna mieux que personne, que la plus longue paix et le repos le plus profond ne sauraient corrompre une vertu parfaite, et que les peuples seraient vraiment heureux, s’ils étaient gouvernés par des sages. Enfin, pendant vingt ans qu’il administre la république, il resta toujours le même ; il célébra avec beaucoup de magnificence la neuvième année séculaire de la fondation de Rome. S’il n’obtint jamais les honneurs du triomphe, qu’on se garde bien pourtant de l’accuser de mollesse : loin de là, il fut assurément beaucoup plus glorieux pour lui que nul, sous son empire, n’ait osé troubler la paix, et que lui-même n’ait pas voulu faire ostentation de sa puissance en portant la guerre chez des nations paisibles. Ajoutons que, comme il n’avait pas d’enfants mâles, il rendit aux Romains un dernier service en plaçant le mari de sa fille à la tête de la république.

XVI. M. Aurèle Antonin et L. Verus.

En effet, il choisit pour gendre et pour successeur