Page:Sextus Aurelius Victor - Origine du peuple romain, trad Dubois, 1846.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lorsque l’insolence de la fortune a permis de tout oser, elle pousse les mortels aux plus funestes passions : longtemps, il est vrai, la vertu vient opposer au mal comme un rempart qu’il ne peut franchir; mais après que les vices ont en quelque sorte maîtrisé tout le monde, les derniers même des hommes par la naissance et par l’éducation envahissent les premières dignités de l’État.

XXV. Caïus Julius Maximin.

Caïus Julius Maximin en est la preuve. Général eu chef des troupes, il fut le premier soldat de fortune qui, presque sans instruction, s’empara de la puissance impériale par le suffrage des légions. Sans armes pour résister à un empereur bien armé, les sénateurs virent tout le péril, approuvèrent eux-mêmes son élection, et nommèrent césar le fils du nouveau prince, qui s’appelait, comme son père, Caïus Julius Maximin.

XXVI. Gordien, Pupien et Balbin.

Les Maximins étaient, depuis deux ans, maîtres du souverain pouvoir, et avaient remporté une victoire sur les Germains, lorsque tout à coup Antonin Gordien, proconsul d’Afrique, est, pendant son absence, proclamé empereur par ses troupes, auprès de la ville de Thydrus. Il répond à leur appel, arrive et les trouve soulevées, comme si elles ne l’avaient élu que pour se révolter contre lui. Après avoir facilement apaisé cette sédition, il se rend à Carthage. Là, tandis que, pour détourner des présages qui lui inspiraient la plus vive terreur, il offrait un sacrifice d’après les cérémonies accoutumées, la victime vint soudainement à mettre bas. Les aruspices, et surtout lui-même, que l’expérience avait tendu très habile dans l’art de la divination, comprirent d’abord que la mort le menaçait aussi, mais qu’il procurerait l’empire à ses enfants : puis, poussant plus loin leurs