Page:Sextus Aurelius Victor - Origine du peuple romain, trad Dubois, 1846.djvu/260

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sociétés des ivrognes et des libertins, tout à sa criminelle passion pour sa femme, ou plutôt pour sa maîtresse, nommée Salonine ou Pipa, et fille d’Attale, roi des Germains : conduite infâme, qui fut aussi la source de plusieurs guerres civiles très sanglantes. Le premier de tous les rebelles, Postumus, gouverneur de la Gaule, se met à la tête des barbares, et usurpe l’empire: après avoir défait des bandes innombrables de Germains, il se voit attaqué par Lélianus, qu’il combat avec non moins de bonheur; mais il périt dans un soulèvement de ses troupes, irritées de ce qu’en dépit de leurs pressantes sollicitations, il leur avait refusé le pillage de la ville des Moguntiens, qui avaient secouru Lélianus. Après la mort de Postumus, un certain Marius, ancien forgeron et soldat assez obscur, s’empare du pouvoir. Tout alors était tombé si bas, que de pareils hommes se faisaient un jouet du commandement suprême et de la dignité de toutes les vertus. De là enfin ce mot plaisant, qu’on ne devait pas être surpris que Marius s’efforçât de reforger la république romaine, qu’avait consolidée un autre Marius, de la même profession, le premier de sa race et de son nom. Le second Marius est égorgé, après un règne de deux jours; on choisit alors Victoria, aussi grand capitaine que Postumus, mais d’une débauche effrénée. Il sut d’abord en réprimer les excès; mais, après deux ans de règne, il fit violence à la plupart des femmes de ses officiers. Attitianus, dont il avait séduit l’épouse, apprit d’elle-même son déshonneur; aussitôt il soulève secrètement contre l’empereur les soldats, qui le massacrent à Cologne, dans une sédition. La faction des scribes publics, dont Attitianus faisait partie, était si puissante dans l’armée, que le meurtre de Victorin fut consommé par ceux mêmes qui ambitionnaient le poste le plus élevé. Ces scribes, surtout ceux de notre époque, sont, en général, des hommes pervers, au cœur vénal,