Page:Sextus Aurelius Victor - Origine du peuple romain, trad Dubois, 1846.djvu/278

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sa position mettait continuellement en butte aux attaques des Perses. Là, il bat l’ennemi; mais cédant à une ardeur de gloire trop irréfléchie, il pousse jusqu’à Ctésiphon, ville célèbre des Parthes, et en la traversant, il est frappé d’un coup de fondre. Quelques-uns rapportent qu’il avait mérité de périr ainsi, parce que les oracle l’avaient averti que la victoire lui permettait de s’avancer seulement jusqu’à cette ville; mais en la dépassant, il fut justement puni. Il est donc impossible de détourner l’arrêt du destin; et dès lors la connaissance de l’avenir est superflue. Numérien, après avoir perdu son père, regarda la guerre comme terminée ; il ramenait les troupes, lorsqu’il succomba sous les embûches d’Aper, préfet du prétoire, dont il était le gendre. Une ophtalmie du jeune prince donna lieu à ce forfait, qui resta longtemps caché, parce qu’on portait le mort dans une litière bien close, comme s’il n’eût toujours été que maladie, et sous prétexte que le vent pourrait lui blesser la vue.

XXXIX. Valerius Dioclétien.

Mais après que l’odeur des membres tombés en putréfaction eut révélé le crime, les chefs de l’année et les tribuns choisissent pour empereur le sage Valerius Dioclétien, commandant des gardes de l’intérieur du palais: c’était un grand homme, mais avec plus d’un défaut de caractère : ainsi, par exemple, le premier des empereurs, il voulut porter un manteau tout brodé d’or, des chaussures de pourpre et de l’étoffe précieuse des Séres, étincelantes de mille pierreries : magnificence plus qu’indigne d’un citoyen de Rome, et qui trahissait une âme orgueilleuse et vaine, mais qui pourtant n’était rien en comparaison de ce que je vais ajouter. Car, depuis Caligula et Domitien, il fut le premier qui souffrit qu’on l’appelât ouvertement seigneur, et qu’on lui prodiguât les adorations et le titre du