Page:Sextus Aurelius Victor - Origine du peuple romain, trad Dubois, 1846.djvu/296

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sanguinaire, plus détestable encore par ses débauches, de plus timide et lâche, poussait l’indolence à un excès tellement honteux, qu’au moment même où le feu de la guerre dévorait l’Italie, oh ses troupes étaient battues près de Vérone, il ne s’en livrait pas moins à ses goûts de prédilection, sans être ému en rien de la mort tragique de son père. Herculius, en effet, cédant à l’impatiente ambition de son caractère et à la crainte que lui inspirait la mollesse de son fils, avait imprudemment ressaisi l’empire. Puis, sous le masque du dévouement, il avait essayé de faire périr, par une odieuse trahison, Constantin, son gendre; enfin la mort avait été le juste châtiment de sa perfidie. Maxence, qui devenait plus cruel de jour en jour, se hasarde, mais avec bien de la peine, à sortir de la capitale, et à s’avancer jusqu’aux rochers Rouges, situés à neuf milles de Rome : son armée est vaincue; il fuit vers la ville; mais, en traversant le Tibre, il tombe dans le piège même qu’il avait tendu à son ennemi sur le pont Milvius : sa tyrannie avait duré six ans. On ne saurait s’imaginer quels furent, à sa mort, les transports de joie et d’allégresse du sénat et du peuple : ils avaient eu tant a souffrir de ce tyran ! Ainsi, un jour, il avait permis aux gardes prétoriennes le massacre des plébéiens; le premier de tous, en vertu de l’édit le plus injuste et à titre de présents, il força les membres du sénat et les cultivateurs à lui livrer autant d’argent qu’il en exigerait pour ses ruineuses prodigalités. Après la victoire de Constantin, les légions prétoriennes, qui avaient mérité la haine publique, et les cohortes urbaines, toujours plus disposées à se soulever qu’à veiller à la sûreté de la ville, furent à jamais licenciées et cassées; on leur ôta leurs armes; on leur défendit même de porter l’habit militaire. Ensuite le sénat reconnaissant dédia à Flavius tous les somptueux édifices que Maxence avait élevés, comme le