Page:Sextus Empiricus - Les Hipotiposes pirroniennes.djvu/211

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ne ſont donc pas les choſes obſcures ſeules qui ſont vraies.

Nous voilà donc réduits à dire que les choſes ſont en partie évidentes, & en partie obſcures ; mais c’eſt encore là une abſurdité. Car, ou toutes les choſes tant évidentes qu’obſcures ſont vraies ; ou quelques choſes évidentes ſont vraies, & quelques choſes obſcures ſont vraies. Si on dit que toutes choſes, tant les évidentes que les obſcures, ſont vraies, on s’expoſera à une rétorſion, parce qu’il faudra que l’on avoue auſſi, qu’il eſt vrai qu’il n’y a rien de vrai ; & il faudra dire qu’il eſt vrai que le nombre des étoiles eſt pair, & qu’il eſt vrai qu’il eſt impair. Que ſi nous diſons que quelques choſes qui nous paraiſſent évidentes ſont vraies, & que quelques choſes obſcures ſont vraies auſſi ; comment jugerons-nous que ces choſes évidentes-ci ſont vraies & que ces choſes évidentes-la ſont fauſſes ? Si nous voulons juger de cela par une choſe évidente, nous donnerons dans le progrès à l’infini : & ſi nous en voulons juger par une choſe obſcure, comme les choſes obſcures ont beſoin auſſi d’eſtre examinées, comment jugerons-nous de cette choſe obſcure ? Sera-ce par une choſe évidente ? Nous tomberons dans le Diallèle. Sera-ce par une choſe obſcure ? Nous tomberons dans le progrès à l’infini.

Il faudra dire le meſme à l’égard des cho-