Page:Sextus Empiricus - Les Hipotiposes pirroniennes.djvu/73

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autre : or elle n’a passé ni par ce chemin-ci, ni par celui-là ; donc elle a passé par cet autre.

Ajoutons encore qu’il connaît quelles sont ses incommodités et qu’il sait y remédier. Si une écharde lui est entrée dans la patte, il tâche de l’arracher aussitôt en se frottant la patte contre terre, et en se servant de ses dents ; et s’il a par hasard quelque ulcère, comme s’il connaissait que les plaies, qui sont sales, se guérissent difficilement, et qu’elles se guérissent aisément si on les tient propres, il l’essuie doucement le pus qui en sort : il observe encore fort bien le précepte d’Hippocrate, qui dit que le remède du pied est le repos ; car, comme s’il savait cela, quand il a quelque blessure à la patte, il la tient élevée, et empêche, tant qu’il peut, qu’elle ne s’agite. S’il se sent incommodé de quelques humeurs, il mange du gramen, et se purgeant par ce moyen, il recouvre sa santé.

Nous avons fait voir que le chien (que nous avions pris pour exemple) recherche ce qui lui est utile, fuit ce qui l’incommode, possède l’art de se procurer quelques biens, sait connaître ses maux, et y apporter les remèdes propres à les soulager, et ne manque pas de vertu : toutes choses dans lesquelles consiste la perfection de la raison, ou du discours