Page:Sextus Empiricus - Les Hipotiposes pirroniennes.djvu/83

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aux autres, et qu’en conséquence de cela, ils veulent juger définitivement de la vérité interne des phénomènes ; par cela qu’ils s’attribuent ce jugement, ils se conduisent à l’égard de ces apparences dont il s’agit de juger, comme si elles étaient jugées, avant même qu’ils aient commencé à en juger. Mais supposons maintenant qu’il n’y ait qu’un seul homme, tel que pourrait être le sage idéal ou imaginaire des stoïciens. Je dis que le troisième moyen de l’Époque nous obligera encore à suspendre notre jugement. Ce troisième moyen est pris de la diversité des sens qui est tout évidente. Les tableaux de plate peinture, par exemple, semblent aux yeux avoir quelques parties sortantes et relevées, et d’autres enfoncées ; mais au toucher, cela ne paraît pas de même. Le miel paraît agréable à la langue pour quelques-uns, mais il leur est désagréable à voir : ainsi on ne peut pas dire si par lui même il est agréable ou désagréable. Il faut dire la même chose du parfum liquide ; il est agréable à l’odorat, et désagréable au goût. Tel est encore l’euphorbe, qui incommode les yeux, mais non pas le reste du corps : ce qui fait que nous ne pouvons pas dire, s’il est purement et simplement mauvais aux corps, ou s’il ne l’est pas. L’eau de pluie est bonne pour les yeux, mais elle enroue et elle incommode la trachée