Page:Sextus Empiricus - Les Hipotiposes pirroniennes.djvu/89

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nature de ceux qui sont en santé, et dans un état contraire à la nature de ceux qui sont malades ; ainsi ceux qui sont malades, sont dans un état contraire à la nature de ceux qui se portent bien, et dans un état conforme à ceux qui sont malades : d’où il suit, qu’on leur doit ajouter foi, eu égard à l’état naturel où ils se trouvent.

Le sommeil et la veille diversifient encore nos perceptions ou nos imaginations. Nous n’avons point les mêmes visions ou conceptions en songe comme en veillant, ni en veillant comme en songe. Ainsi on ne peut pas dire que ces objets, que nous apercevons en songe ou en veillant, existent simplement et absolument, mais seulement par rapport au songe ou à la veille. Il y a donc quelque apparence, que nous voyons en songe des choses, qui n’existent point, quand nous veillons ; quoique d’ailleurs et absolument parlant, on ne puisse pas dire qu’elles ne soient pas existantes, puisqu’elles existent en songe. Tout comme on dit que les choses qui nous paraissent exister, quand nous veillons, existent réellement, quoiqu’elles n’existent pas en songe.

Les différents âges de la vie diversifient encore beaucoup les perceptions des sens, et les idées. Un air qui paraît froid à des vieillards, paraît doux et tempéré à ceux qui sont dans la fleur de l’âge ; et une même couleur, qui paraît pâle et