Page:Sextus Empiricus - Les Hipotiposes pirroniennes.djvu/93

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Car celui qui veille ne peut pas comparer les perceptions de ceux qui dorment avec celles de ceux qui veillent, et un homme qui se porte bien, ne peut pas comparer les perceptions des malades et de ceux qui sont en santé. La raison de cela est que nous donnons plutôt notre assentiment aux choses, qui sont présentes et qui nous touchent actuellement, qu’à celles qui ne sont pas présentes, ce qui nous rend incapables de juger des choses sans prévention.

Voici encore comment nous prouverons, qu’il n’est pas possible de discerner la vérité, parmi tant d’apparences contraires. Supposons qu’un homme préfère une idée à une autre idée, ou une apparence à une autre apparence, ou une certaine disposition à une autre ; ou il le fera sans discernement et sans démonstration, ou il le fera avec discernement et avec démonstration. Sans discernement et sans démonstration, cela ne se peut, on ne le croira pas ; avec discernement et démonstration, cela ne se peut pas non plus. Car s’il veut juger des apparences avec discernement, il faudra qu’il en juge par un certain Critérium, par une certaine règle de vérité, et de fausseté. Mais à l’égard de ce Critérium, il faudra qu’il dise ou qu’il est faux, ou qu’il est vrai : s’il est faux, il ne servira à rien ; et