Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/145

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Si donc une Créature raisonnable, sans égard pour la Vertu, aime la vie par rapport à la vie même, peut-être fera-t-elle pour la conserver, ou par horreur de la mort, quelque action de virilité ; peut-être en s’efforçant de mépriser les objets de sa crainte, tendra-t-elle à la perfection ; mais cette effort n’est pas encore une Vertu. Cette Créature est tout au plus dans les avenues, sur la route : après s’être embarquée par pur intérêt, la bassesse avouée du motif ne la met point au port ; en un mot, elle ne sera vertueuse que quand ses efforts feront germer en elle quelque affection pour la bonté morale considérée comme telle, & sans égard à ses intérêts.

Tels sont les avantages & les désavantages qui reviennent à la Vertu, de ses liaisons avec les intérêts privés de la Créature. Car, quoique la multiplicité