Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/149

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moral, vient une fois à manquer, je vois la Vertu chanceler, rester sans appui, & prête à s’écrouler.

Quant à l’Athéisme, le décri des avantages de la Vertu n’est pas une conséquence directe de cette hypothèse[1]. Pour être convaincu qu’il y a du profit

    fortement un Bâtiment qui menaçoit ruine d’un côté, qu’il en fut renversé de l’autre. Le même accident est presque arrivé en morale. On ne s’est pas contenté de relever les avantages de la Vertu & de l’honnêteté ; on s’est méfié de ces appuis & on y en a ajouté d’autres d’une façon à culbuter l’édifice. On a tant exalté Les récompenses qui l’attendoient, que les hommes ont été exposés à n’avoir pas d’autres raisons d’être vertueux. Toutefois, si ce sentiment vient à exclure les motifs plus relevés, tout mérite semble s’anéantir dans la Créature qu’il dirige.

  1. L’Athéisme laisse la probité sans appui, Il fait pis, il pousse indirectement à la dépravation. Cependant Hobbs étoit bon citoyen, bon parent, bon ami & ne croyoit point en Dieu. Les hommes ne sont pas conséquens : on offense un Dieu dont on admet l’existence : on nie l’existence d’un Dieu dont on a bien mérité ; & s’il y avoit à s’étonner, ce ne seroit pas d’un Athée qui vit bien, mais d’un Chrétien qui vit mal.