Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/194

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ne sont formidables d’aucun côté, doivent être susceptibles d’une grande frayeur & ne ressentir que peu d’animosité ; car cette dernière qualité serait infailliblement la cause de leur perte, soit en les déterminant à la résistance, soit en retardant leur fuite. C’est à la crainte seule qu’elles peuvent avoir obligation de leur salut. Aussi la crainte tient-elle les sens en sentinelle, & les esprits en état de porter l’allarme.

En pareil cas, la frayeur habituelle & l’extrême timidité sont conséquemment à la constitution animale de la Créature, des affections aussi conformes à son intérêt particulier & au bien général de son espèce, que le retentissement & le courage seroient préjudiciables à l’un & à l’autre. Aussi remarque-t-on que dans un seul & même systême, la nature a pris soin de diversifier ces passions propor-