Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/245

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le poursuit en tout lieu. Mais si l’on supposait que cet Assassin a vu expirer son compagnon sans frémir, & qu’aucun trouble, qu’aucun remords, qu’aucune émotion n’a suivi le coup, je dirais, ou qu’il ne reste à ce Scélérat aucun sentiment de la difformité du crime, qu’il est sans affection naturelle, & par conséquent sans paix au-dedans de lui-même, & sans félicité ; ou que s’il a quelque notion de beauté morale, c’est un assemblage capricieux d’idées monstrueuses & contradictoires, un composé d’opinions fantasques, une ombre défigurée de la Vertu ; que ce sont des préjugés extravagants qu’il prend pour le grand, l’héroïque & le beau des sentiments : or, que ne souffre point un homme dans cet état ! Le fantôme qu’il idolâtre, n’a point de forme constante ; c’est un prothée d’honneur qu’il ne sçait