Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/317

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plaisir, fût-il placé dans la vengeance, dans la malignité & dans l’exercice même de la tyrannie. Cette difficulté serait sans réponse, si, comme dans les joies cruelles & barbares, on ne pouvoit arriver au plaisir qu’en passant par le tourment ; mais aimer les hommes, les traiter avec humanité, exercer la complaisance, la douceur, la bienveillance, & les autres affections sociales ; c’est jouir d’une satisfaction immédiate à l’action & qui n’est payée d’aucune peine antérieure ; satisfaction originelle & pure, qui n’est prévenue d’aucune amertume. Au contraire, l’animosité, la haine, la malignité, sont des tourments réels dont la suspension occasionnée par l’accomplissement du désir, est comptée pour un plaisir. Plus ce moment de relâche est doux, plus il suppose de rigueur dans l’état précédent ; plus les peines du corps sont ai-