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NOTES.

vint à Douvres ; et passa la mer, et vint devant : Calais et au logis du roi :

Chapitre CCCVIII.
Comment ledit écuyer vint au mandement du roi d’Angleterre devant Calais, lequel le reçu à grand’joie, et comment il rendit le roi d’Écosse à la reine d’Angleterre.

Quand le gentil roi d’Angleterre vit l’écuyer et il sut que c’était Jean de Copland, si lui fit grand’chére et le prit par la main ; et lui dit :

— À bien vienne mon écuyer, qui par sa vaillance a pris notre adversaire, le roi d’Écosse.

— Monseigneur, dit Jean, qui se mit à un genou devant le roi, si Dieu m’a voulu consentir si grand’grâce que il m’a envoyé entre mes mains le roi d’Écosse, et je l’aie conquis par bataille ; on n’en doit pas avoir envie, ni rancune sur moi ; car aussi bien peut Dieu envoyer sa grâce et sa fortune, quand il échet, à un pauvre écuyer que il fait à un grand seigneur ; et, sire, ne me veuillez nul malgré si je ne le rendis tantôt à madame la reine ; car je tiens de vous, et mon serment ai de vous et non de li (elle), fors tout à point.

Donc répondit le roi :

— Jean, nennin ; le bon service que nous avez fait et la vaillance de vous vaut bien que vous soyez excusé de toutes choses ; et honnis soient tous ceux qui sur vous ont envie. Jean, je vous dirai que vous ferez : vous parti de ci, retournerez en votre maison et prendrez votre prisonnier et le mènerez devers ma femme ; et, en nom de rémunération ; je vous donne et assigne, au plus près de votre hôtel que aviser et regarder on pourra, cinq cent livres à l’esterlin par an de revenue, et vous retiens écuyer de mon corps et de mon hôtel.

De ce don fut Jean moult réjoui, et en remercia grandement le roi, et le tiers jour s’en partit et retourna arrière en Angleterre ; et exploita tant par ses journées qu’il vint chez soi. Si assembla ses amis et voisins et recorda tout ce qu’il avoit trouvé au roi ; son seigneur, et le don que lui en avoit fait, et comment le roi vouloit