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PÉRICLÈS, ÉDOUARD III ET ARDEN DE FEVERSHAM.

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Chapitre CCCVII.
Comment la reine d’Angleterre manda à l’écuyer qui avait pris le roi d’Écosse, qu’il le lui amenát, lequel répondit qu’il ne le rendroit fors qu’au roi son seigneur.

Lors demanda la reine que le roi d’Écosse étoit devenu. On lui répondit que un écuyer d’Angleterre, qui s’appeloit jean de Copland, l’avait pris et mené avec lui, mais on ne lui savoit dire où, ni quel part. Dont eut la reine conseil qu’elle écriroit devers ledit écuyer et lui manderoit tout acertes (sérieusement), qu’il lui amenât son prisonnier, le roi d’Écosse, et que pas bien à point n’avoit fait, ni au gré de li (elle), quand ainsi l’avoit mené hors des autres et sans congé. Ces lettres furent écrites et envoyées par un chevalier de madame la reine. Entrementes (pendant) que ledit chevalier fit son message, s’ordonnèrent les Anglois et se tinrent tout le jour sur la place que gagnée avoient vaillamment. Or vous parlerons de Jean de Copland, comment il répondit aux lettres et au message que madame la reine d’Angleterre lui envoya. C’étoit son intention que ledit roi d’Écosse, son prisonnier, il ne rendroit à homme ni à femme, fors à son seigneur le roi d’Angleterre, et que on fut tout asseur (assuré) de lui, car il le pensoit si bien à garder, qu’il en rendroit bon compte.

Madame d’Angleterre à cette fois n’en put avoir autre chose, et ne se tint pas pour bien contente de l’écuyer ; et fit tantôt lettres écrire et sceller, et les envoya à son cher seigneur, le roi d’Angleterre, qui séoit devant Calais. Par ces lettres fut le roi tout informé de tout l’état d’Angleterre et de la prise du roi David d’Écosse. Si eut grand’joie en soi-même de la belle fortune que Dieu avoit envoyée à ses gens ; si ordonna tantôt le roi d’aller quérir ce Jean de Copland, et le manda bien acertes (sérieusement) qu’il vînt parler à lui devant Calais. Quand Jean de Copland se vit mandé de son seigneur le roi d’Angleterre ; si en fut tout réjoui, et obéit, et mit son prisonnier en bonnes gardes et sûres en un fort châtel sur la marche de Northumberland et de Galles (Galloway) et puis se mit en chemin parmi Angleterre et fit tant qu’il