Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/420

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
422
APPENDICE.

ment, et avec le plaisir des parties et approbation de la cité de Metelin, et des Tyriens qui suivaient Apollonie ; comme le prince de Tyr délibérait s’en aller à Tyr et repasser par Tharse, menant sa fille pour l’investir de ses terres, il pria Athenagore de lui faire compagnie : ce qu’il promit de faire, comme celui qui ne pensait ailleurs qu’à lui faire service. Mais comme ils étaient sur le point de partir, et qu’on dressait l’appareil vers Tharse, voici qu’Apollonie vit en songe une personne qui représentait une grande majesté, et qu’il estimait être un génie, qui lui disait et enjoignait de s’acheminer vers la cité d’Éphèse, que là il déclarât toutes ses aventures, ayant avec lui son gendre et sa fille, et serait là allégé de tous ses travaux. Or, savez-vous quelle foi jadis on donnait aux songes, et si souvent les hommes s’arrêtaient aux sorts de ceux-là, et cherchaient ès philosophes pour leur en donner éclaircissement ? Ce qui fut cause qu’Apollonie, homme de grand savoir et superstitieux en cet endroit, éveillé, conta ceci à son gendre et fille, comme résolu d’obéir à Dieu, ainsi le croyait-il, qui lui avait donné cet avertissement.

Ainsi, tous de compagnie s’embarquant, firent voile vers l’ancienne cité bâtie, comme l’on dit, par les Amazones, et s’adressèrent au temple de Diane avant que de prendre logis ailleurs. En ce temple éphésien de Diane présidait alors, comme grande-prêtresse, Archestrate, femme d’Apollonie, laquelle, entendant qu’il y avait un prince étranger qui voulait visiter les saints et secrets lieux pour y faire son oraison et déclarer ce qu’il avait sur le cœur pour avoir conseil de la déesse, y vint parée et couronnée comme une reine, et suivie d’une belle troupe de filles, ses religieuses. Cette dame était honorée des Éphésiens pour sa vertu, et l’avaient en telle et si grande réputation, qu’ils la disaient être la plus agréable à la déesse qu’autre qui jamais eût en la charge de ce temple. Ceci causa qu’Apollonie, ses gendre