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SCÈNE XX.

locrine.

— Silence, mon oncle, silence ! Cessez de parler de cela. — Que celui qui tâchera par des murmures — de troubler la félicité de Locrine, — soit bien persuadé qu’il mourra.

Rentre le Page, conduisant Estrilde et Sabren.
estrilde.

— Ô dis-moi, page, dis-moi, où est le roi ? — Pourquoi me mande-t-il à la cour ? — Est-ce pour me faire mourir ? Est-ce pour mettre fin à mes jours ? — Parle, doux enfant, dis-moi franchement la vérité. —

le page.

Non, madame, croyez-moi, pour peu que vous ayez foi dans le peu d’honnêteté qui me reste, le danger que vous redoutez n’est pas. Préparez-vous ; voici le roi.

ESTRILDE, s’agenouillant.

— Maintenant, Estrilde, élève tes esprits éblouis, — et bénis l’heureux moment, le jour, l’heure, — où le belliqueux Locrine t’a accordé sa faveur. — Paix au roi de Bretagne, mon bien-aimé ! — Paix à tous ceux qui l’aiment et le soutiennent !

LOCRINE, la relevant.

— Eh quoi ! Estrilde se prosterne avec une telle soumission — devant son serviteur le roi d’Albion ! — Relevez-vous, belle dame, laissez là cette humble attitude ; — redressez ces regards qui raniment le cœur de Locrine ; — que je contemple à loisir ce visage rose — qui séduit tant mon âme languissante ! — Rendons-nous à la cour, pour y faire notre cour, — et passons dans les fêtes de Vénus la nuit et le jour. — En liesse, braves pairs ! Réjouissez-vous avec votre roi.

Ils sortent.