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LA TRAGÉDIE DE LOCRINE.

locrine.

— Tu menaces ton royal souverain ! — Voilà une insolence qui ne te sied guère ! — Injurieux traître (car tel est — celui qui jette un défi à son roi), — renonce à ces impertinences, renonce à ce langage outrecuidant, — si tu ne veux pas renoncer à ta misérable vie.

thrasimachus.

— Quand les princes entachent leur glorieuse majesté — d’une monstrueuse infamie, — ils perdent leur considération première, — et se précipitent dans un enfer d’exécration.

locrine.

— Veux-tu donc abuser de notre douce patience, — comme si tu te moquais de notre haut déplaisir ? — Insolent enfant, pour que tu saches bien que ton prince est offensé, — oui, grandement offensé de ton orgueilleuse arrogance, — nous te bannissons à jamais de notre cour.

thrasimachus.

— Eh bien ! Locrine, roi fainéant, prends garde à toi. — Thrasimachus se vengera de cet outrage.

locrine.

— Adieu, insolent enfant ! apprends à peser tes paroles !

Thrasimachus sort.
assarachus.

— Hélas ! monseigneur, vous auriez dû vous rappeler — les dernières paroles que vous adressa Brutus, — quand il vous pria, au nom de l’obéissance — que les enfants doivent à leur père, — d’aimer et de protéger madame Guendeline. — Songez que, si elle s’offense — de cet outrage, comme certainement elle s’en offensera, — la guerre et la discorde seront bientôt déchaînées. — Qu’importe que ses forces soient moindres que les vôtres ! — N’avez-vous pas vu un énorme éléphant — mourir de la morsure d’une chétive souris ? — Tels sont les capricieux hasards de la guerre.