Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1867, tome 3.djvu/118

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SCÈNE XXI.

guendeline.

— Oh ! non, sa mort ne fera qu’augmenter mes douleurs ; — il est mon époux, brave Thrasimachus, — et il m’est plus cher que la prunelle de mes yeux ; — je ne saurais me résoudre à lui faire du mal.

thrasimachus.

— Madame, si votre propre injure, — si mon exil ne peut vous décider à la vengeance, — songez aux paroles de notre père Corinéius. — Ces paroles font toujours loi pour nous. — Locrine doit-il vivre, lui qui causa la mort de mon père ? — Locrine doit-il vivre, lui qui maintenant vous répudie ? — Le ciel, la terre, l’air, le feu réclament un châtiment ; — et pourquoi donc le refuserions-nous ?

guendeline.

— Adieu donc désormais les plaintes efféminées ! — Adieu désormais toute enfantine pitié ! — Maudit Locrine, gare à toi ! — Car Némésis, la souveraine de la vengeance, — plane, armée de toutes pièces, sur nos lames terribles, — et la maudite Estrilde, qui a enflammé le cœur du traître, — si je vis, mourra d’une mort ignominieuse.

madan.

— Mère, la nature me force à déplorer — l’impudique luxure de mon malheureux père ; — mais, puisqu’il outrage ainsi madame ma mère, — je voudrais moi-même, si je le pouvais, hâter sa mort.

thrasimachus.

— Voyez, madame, le désir de la vengeance — existe chez les enfants d’un âge tendre. — En avant, braves soldats ! Allons en Mercie, — où nous braverons le lâche en face.

Ils sortent.